© Géraldine Bruneel

Centre aquatique de Libourne

La Calinésie Libourne Gironde (33) - Nouvelle-Aquitaine

Situé sur la rive droite du lac des Dagueys, le centre aquatique de la communauté d’agglomération du Libournais s’insère dans une zone à fort enjeu environnemental. Tantôt vigie, tantôt estacade, tantôt brise-lames végétalisé, le bâtiment retranscrit à sa façon l’ambiance d’un embarquement au long cours en invitant les utilisateurs à prendre de la hauteur avant de se jeter à l’eau.

  • Centres aquatiques métropolitains
Maîtrise d'ouvrage
Communauté d’agglomération du Libournais (Gironde)
Maîtrise d’œuvre
Architectes
— Mandataire, économiste, VRD, paysagiste : AP-MA architecture
— Architecte associé : Action Archi, Arnaud Architectes Associés

Bureaux d'études

BET structure
SEBAT
BET fluides, SSI
Soja Ingénierie
BET HQE, QEB
BEHI
BET acoustique
Agiracoustique
Surface
4637 m2 (hors locaux techniques)
Coût des travaux
19 M€ (valeur mai 2021)
Consulter le détail des surfaces et leurs coûts
AP-MA architecture - Centre aquatique de Libourne
© Géraldine Bruneel

Dialoguer
avec le paysage

Tel un grand embarcadère, l’équipement se veut signal architectural parmi les espaces naturels du lac des Dagueys. Visible depuis la rive opposée, il se love profondément dans la végétation et intègre celle-ci à son aménagement. Les trois bassins, les aires ludiques et le centre de bien-être bénéficient aussi de larges vues sur le lac à travers les baies vitrées orientées ouest et sud. Surélevé afin de placer le fond des bassins au-dessus du niveau des plus hautes eaux, le bâtiment est ainsi protégé des risques de crues et de remontées des nappes phréatiques. Le rapport à l’eau n’est pas seulement visuel mais se fait également vital : le lac nourrit la piscine, lui apportant l’eau des bassins et la douceur de l’air des halls.

© Géraldine Bruneel

Horizontalité
et verticalité

L’architecture du centre aquatique est tout d’abord marquée par la grande hauteur de la tour de glisse, élan puissant qui ne doit pourtant pas écraser l’ensemble. Ainsi, pour lui répondre, deux failles sont aménagées en saillie verticale et apportent respiration, verdure et lumière. La façade est, celle de l’accueil, alterne des formes cubiques blanches et des surfaces ocre orangé incarnées par une résille métallique. Vue de l’autre rive, la façade ouest révèle la forte présence du centre de bien-être, blanche et lumineuse, entre les façades métalliques des halls de bassins. La silhouette de tout le centre aquatique devient ainsi parfaitement lisible : des bassins, un centre de remise en forme, un espace de glisse estivale et autant d’îlots de lumière et de verdure tournés vers le lac.

AP-MA architecture - Centre aquatique de Libourne
© Géraldine Bruneel

Lumière
et confort

L’apport de lumière et la distribution des espaces sont finement étudiés pour offrir au visiteur la meilleure expérience possible. À l’angle sud-ouest, en liaison avec le bassin de loisirs, un grand solarium minéral profite par exemple du surplomb sur le lac. Dans sa continuité, l’aire de jeu aqualudique bénéficie de l’ombre apportée par le centre de remise en forme situé à l’étage. À l’angle sud-est, une grande pelouse densément arborée isole les autres utilisateurs des activités bruyantes se déroulant dans cette zone sportive et récréative. Baignant l’ensemble du site, la résille métallique crée de doux effets de lumière au fil de la journée. À l’intérieur, elle fait office de brise-soleil, créant les meilleures conditions d’éclairage des bassins de nage.

Plus de photos

  • AP-MA architecture - Centre aquatique de Libourne
    Photo © Géraldine Bruneel
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    Photo © Géraldine Bruneel
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  • AP-MA architecture - Centre aquatique de Libourne
    Photo © Géraldine Bruneel

Plan

  • Centre aquatique de Libourne - Plan © AP-MA architecture
Surfaces intérieures
Surface utile
— 4 637,30 m2
Locaux techniques
— 2000 m2 (hors galerie de visite)
Coût du bâtiment
— 19 M€ HT (valeur mai 2021)
Surfaces extérieures
Surface parvis / stationnement
— 637,30 m2
— 2 M€ HT (valeur mai 2021)
Aménagements pour baigneurs
— 200 m2
— 1,8 M€ HT (valeur mai 2021)

Développement durable

75 %

Part du chauffage de l’eau chaude sanitaire couverte par les panneaux solaires plats vitrés

Conception bioclimatique

  • — Apport de lumière naturelle grâce à l’omniprésence des vitrages, une orientation adaptée et une surélévation du bâtiment par rapport au lac.
  • — Confort d’été et maîtrise des nuisances lumineuses garantis par les brise-soleil en panneaux d’acier perforé pour le hall des bassins et l’espace bien-être et par les menuiseries performantes double vitrage à rupture thermique avec facteurs solaires adaptés aux orientations des façades.
  • — Majorité des vitrages ouvrables, favorisant un flux d’air intérieur au travers des différentes pièces.
  • — Bâtiment isolé par l’extérieur afin de limiter les déperditions de chaleur et de traiter les ponts thermiques.
  • — Associée à la mise en place de toitures végétalisées, inertie du bâtiment renforcée.
25 %

Part de l’eau nécessaire au lavage des filtres assurée par la récupération des eaux de pluie

Gestion de l'eau

  • — L’eau du lac à proximité, après traitement adapté, est utilisée pour remplir et renouveler l’eau des bassins, l’arrosage des espaces verts et le lavage des sols.
  • — Réutilisation de l’eau des pédiluves pour alimenter les WC.
  • — Filtration par membrane céramique : faible consommation en eau et finesse de filtration 40 fois supérieure au filtre à sable.
  • — Désinfection de l’eau des bassins à l’ozone : réduction de la consommation de chlore et augmentation de la qualité d’eau de baignade.
30 %

Part des besoins en chauffage des bassins couverte par l’énergie solaire

Gestion de l'énergie

  • — Chauffage du site par une chaufferie à plaquettes de bois.
  • — Pompe à chaleur à absorption, alimentée par la chaufferie bois (absence de consommation électrique).
  • — Récupération d’énergie sur les eaux usées des douches.
  • — Production d’électricité par capteurs solaires photovoltaïques.

La parole à...

Jean-Louis Arcaraz

Ville de Libourne, 4e adjoint délégué au sport, à la sécurité et la prévention, conseiller communautaire délégué en charge des sports

Le centre aquatique de Libourne, baptisé la Calinésie, vient d’ouvrir ses portes et ses bassins au public. Pouvez-vous revenir sur sa genèse ?

Le Libournais, comme tant d’autres territoires français éloignés du littoral, était fortement carencé en piscines et en centres aquatiques. Il fallait remédier à ce paradoxe. Nous avons alors initié il y a sept ans une étude de faisabilité. Plus de 100 000 personnes ont été sollicitées par nos services pour définir avec elles leurs besoins, leurs souhaits, leurs envies et leurs visions d’un tel équipement. Très rapidement, l’image d’un lieu hybride, combinant bassins sportifs et zones ludiques s’est dessinée dans nos esprits. Nous avons visité 17 établissements en France et en Europe, dont les centres aquatiques de Limoges et de Saint-Amand-les-Eaux, conçus par AP-MA architecture. Forts de nombreuses observations et de multiples retours d’expérience, nous avons rempli, deux collaborateurs et moi-même, notre cahier des charges. Il nous était en effet important de travailler en équipe réduite afin de définir et de suivre au mieux notre projet. Tout de suite, nous avons imaginé un équipement comportant des bassins de nage et des bassins sportifs à l’intérieur, un espace convivial abrité du soleil pour les enfants et des infrastructures exceptionnelles (bassin en inox tout en courbes et contre-courbes, toboggans vertigineux) à l’extérieur, des grandes terrasses sur lesquelles se promener et des halls dans lesquels profiter de l’animation du lieu pour ceux qui ne se baignent pas. Nous avons ensuite lancé un concours européen d’architecture. 35 agences y ont répondu. Nous avons sélectionné dix projets, puis cinq. Entourés d’un jury, nous avons élu AP-MA architecture maître d’œuvre de notre futur centre aquatique. La proposition d’AP-MA avait parfaitement projeté notre programme, intégrait de façon optimale le futur équipement dans son environnement naturel, une zone Natura 2000, tout en apportant son expertise technique au service d’une architecture basse consommation.

AP-MA architecture : centre aquatique de Libourne, vue aérienne par drone
© Géraldine Bruneel

Justement, le centre aquatique de Libourne se distingue particulièrement pour ses choix innovants en matière environnementale.

Une idée nous obsédait dès le début du projet : l’exploitation de l’eau du lac des Dagueys par le centre aquatique. Quoi de plus logique que faire ce lien ? Évidemment, nous ne savions pas quel challenge cela représentait, tant au niveau de la technique que de l’administration. Il nous fallait en effet l’accord de l’Agence Régionale de la Santé, qui n’avait jamais été invitée à réfléchir à ce type de sujet. Par ailleurs, nous avons fait le choix de porter ce projet en régie et non pas en délégation de service public. Nous restons les seuls maîtres à bord pour l’exploitation du site, et donc pour la garantie des normes sanitaires. AP-MA, épaulé par le bureau d’études techniques Soja, a conçu un protocole technique très strict, fondé sur une unité de potabilisation de l’eau, puis sur une unité de filtration à l’ozone et à la céramique. Cette technologie a évidemment induit des coûts supplémentaires pour la communauté d’agglomération du Libournais (la Cali), notamment à cause du creusement de cuves dans le lac, contrebalancés par les économies en eau : 50 000 m3 par an ! L’ARS nous autorise à exploiter l’eau du lac pour le remplissage des bassins pendant un an. Nous espérons qu’au-delà, nous aurons le droit de l’exploiter pour les autres postes, tels que celui des douches, afin de multiplier les économies. Quand on sait qu’un centre aquatique est l’un des programmes d’architecture le plus énergivore, il y a de quoi être satisfait. Les économies d’énergie se font quant à elles essentiellement grâce au choix d’un chauffage par biomasse. Notre communauté d’agglomération a ainsi acquis une forêt qui fournira dans les 3 ans à venir 50% des plaquettes de bois tout venant. Le reste sera acheté à un fournisseur situé à 30 km de Libourne.

AP-MA architecture : centre aquatique de Libourne, détail façade
© Géraldine Bruneel

Quid de l’architecture du lieu ?

Le site que je fréquente quotidiennement depuis des mois maintenant prend la forme dont nous rêvions dès le début. Les architectes ont conçu un bâtiment séduisant à regarder et agréable à vivre de par ses volumes parallélépipédiques, ses fentes de lumière et ses hautes charpentes. Le centre aquatique respire, est accueillant, offre au visiteur de magnifiques vues sur la zone Natura 2000. Les flux de baigneurs, individuels, scolaires et autres, sont optimaux, et c’est évidemment un point primordial dans la conception d’une piscine. Nous avons finalisé l’aménagement intérieur en ajoutant un maximum de plantes et de couleurs sur les murs, en plus du mobilier et de la signalétique prévus par AP-MA architecture. Cette architecture rendra possible l’ambition de la Calinésie : dépasser son statut de centre aquatique et devenir un lieu de rencontre. Grâce aux nombreuses terrasses, grâce au fond mobile du bassin sportif et à la présence de gradins, grâce au restaurant et au snack, nous pourrons en effet organiser de nombreux évènements : expositions, projections, concerts, rencontres littéraires. Nous avons d’ailleurs lancé les festivités le 21 juin dernier, lors de la Fête de la musique.

AP-MA architecture : centre aquatique de Libourne, vue générale entrée
© Géraldine Bruneel